Un grand tour et puis revient...
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Des doutes...

D 22 juillet 2017     H 10:04     A FM     C 8 messages


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Il faut bien avouer que les doutes arrivent vite...
D’autant que les premières heures ont été très pluvieuses et faites d’autant de pauses sous des abris-bus ou dans des stations-services que de périodes de réel pédalage. Bref, il "drache" et on ne se voit pas avancer. Les enfants s’ennuient un peu et l’idée qu’on n’y arrivera pas nous traverse l’esprit. On ne se dit rien mais on a fait le calcul : "30 kilomètres par jour, si on roule 65 jours comme prévu, ça fait tout juste 1950 kilomètres. Ce qui nous laisse en novembre dans le nord des Pays-Bas..."
On ne se dit rien, mais on sait. On sait qu’on a plus le choix, qu’on fera avec ce temps-là, qu’on ira chercher dans nos dernières forces pour motiver cette troupe et que, s’il le faut, on prendra le train.

On sait aussi que cette angoisse n’est pas bonne pour nous. Elle nous fait vivre dans un futur incertain alors qu’on voudrait profiter de l’instant présent (si, si, de l’instant présent : dans un abris-bus letton en pleine forêt le long d’une route improbable). Cette angoisse nous rend nerveux. On le sent, les enfants le sentent et inévitablement, l’un d’eux jette le pavé dans la marre : "si ça continue comme ça, on n’y arrivera pas, hein ?"
- mais si, tu vas voir. Il y aura des jours sans pluie, des jours gris où on roulera bien. Des jours où on pourra passer entre les gouttes... et puis d’autres jours pourris où on profitera du temps ensemble.

*

Deux jours plus tard.
Le temps est redevenu notre ami. Environ 20 degrés, du soleil et peu de vent. Nous avançons vers la pointe de Kolka. Charlie montre des signes de fatigue : zig-zags incontrôlables, tristesses et colères à fleur de peau. Il dit qu’il n’en peut plus.
On s’arrête donc avant le camping qu’on visait. On s’installe en pleine réserve naturelle, entre la lagune et la forêt, entre les cigognes et les loups qu’on n’a toujours pas vus.
La tente est montée, les enfants jouent, nous cuisinons des gnocchi au Borsc (quand tu fais ce genre de chose, tu sais que ça passe ou ça casse). Le calcul nous revient en tête, plus précis : 65 fois 27 kilomètres, ça ne fait plus que 1755 kilomètres ; là, on est en Allemagne, les pieds dans l’Elbe...
Et pourtant, on promet aux enfants que demain, c’est jour de relâche. On trouvera un chouette camping (d’où j’écris ces lignes) et on se prend un jour sans pédaler, avec des glaces et des boissons sucrées en terrasse.
La nuit dans la forêt sauvage se passe bien. On replie le campement en moins de 90 minutes et nous voilà repartis pour une courte étape de 13 kilomètres jusqu’à Mersrags et son phare. A l’arrivée, tout est là : supermarket, petits restos, camping nickel, plages de sable...
Merde à la moyenne, on est en vacances, on fait cette pause.

*

la vraie vérité, c’est qu’on a pas le choix. On est à 2300 bornes de la maison par le chemin le plus court et on roule vers le Nord, ce qui n’est pas le chemin le plus court... On ne s’est pas donné le choix et il va falloir les faire.
On sait aussi, maintenant qu’on est reposés et qu’on en a discuté, qu’il faudra quelque temps pour qu’on prenne notre rythme de croisière, physiquement et mentalement. La force de faire ce genre de pari, ça se trouve dans la durée, dans les petits plaisirs, dans les rythmes qu’on invente et qu’on désinvente...

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